quinta-feira, 10 de abril de 2008

LE DESERTEUR

Monsieur le Président,
je vous fais une lettre,
que vous lirez peut-être,
si vous avez le temps.

Je viens de recevoir
mes papiers militaires
pour partir à la guerre
avant mercredi soir.

Monsieur le Président
je ne veux pas le faire,
je ne suis pas sur terre
pour tuer de pauvres gens.

C'est pas pour vous fâcher,
il faut que je vous dise,
ma décision est prise,
je m'en vais déserter.

Depuis que je suis né,
j'ai vu mourir mon père,
j'ai vu partir mes frères,
et pleurer mes enfants.

Ma mère a tant souffert,
qu'elle est dedans sa tombe,
et se moque des bombes,
et se moque des vers.

Quand j'étais prisonnier
on m'a volé ma femme,
on m'a volé mon âme,
et tout mon cher passé.

Demain de bon matin,
je fermerai ma porte
au nez des années mortes
j'irai sur les chemins.

Je mendierai ma vie,
sur les routes de France,
de Bretagne en Provence,
et je crierai aux gens:

refusez d'obéir,
refusez de la faire,
n'allez pas à la guerre,
refusez de partir.

S'il faut donner son sang,
allez donner le vôtre,
vous êtes bon apôtre,
monsieur le Président.

Si vous me poursuivez
prévenez vos gendarmes
que je n'aurai pas d'armes
et qu'ils pourront tirer.

BORIS VIAN

3 comentários:

Anónimo disse...

Há anos que não "cantava" esta carta...

Clarice

redjan disse...

De ler , ler e reler ... De aprender !!

Carlos Lopes disse...

Conheço isto há tantos anos, tipo cantiga. É magnífico.